Chapter 6 - Sous l'ombre du doute

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Le matin s’était levé sur Silvercliff dans une brume légère, et Kieran se retrouva à arpenter les rues vides, le cœur battant plus vite qu’il ne le souhaitait. Il se sentait comme un étranger dans sa propre peau. Depuis sa rencontre avec Anna, il n’avait cessé de penser à elle. Chaque instant, chaque rencontre semblait vide comparé à l’intensité de ce qu’il avait ressenti, même si peu de mots avaient été échangés. Pourquoi cette sensation persistante ? Pourquoi cet inexplicable besoin de la revoir ?

Il savait que ce n’était pas raisonnable. Elle était une inconnue, et pourtant, il avait du mal à l’ignorer, à passer à autre chose. Quelque chose en lui, quelque chose qu’il ne comprenait pas, le poussait à vouloir en savoir plus. Mais cela l’inquiétait aussi. Il n’était pas sûr de ce qu’il ressentait, mais il savait qu’ignorer ce lien étrange était devenu impossible.

Il se força à rationaliser. C’était une mauvaise idée, il en était conscient. S’approcher d’Anna, la connaître davantage, pourrait les mettre tous deux en danger. Mais à chaque pensée, une autre s’y glissait, plus pressante, plus persistante : il devait la voir. Il ne pouvait pas s’en empêcher. Pas maintenant.

Finalement, après avoir erré sans but dans les rues, il la distingua au détour d’un coin. Anna. Elle marchait d’un pas tranquille, son regard fixé sur l’horizon. Une sensation de soulagement l’envahit, mélangée à une nervosité qu’il n’arrivait pas à contrôler.

Il s’approcha discrètement, mais la tentation de la laisser partir sans rien dire lui semblait insupportable. Alors il se lança, franchissant la distance qui les séparait.

« Anna... »

Sa voix était calme, mais la présence d’Anna fit résonner son cœur plus fort. Elle se tourna brusquement, ses yeux rencontrant les siens. Il y eut un instant suspendu, comme si le temps s’était arrêté.

Un silence lourd s’installa entre eux. Kieran attendit, incertain, mais il ne recula pas. Il savait qu’il n’avait pas le choix, que ce moment allait marquer quelque chose.

« J’ai besoin de te parler, » dit-il, sa voix plus ferme, mais toujours teintée de cette hésitation qu’il n’arrivait pas à dissimuler.