Chapitre 3: Le premier regard

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La meute de loups, jusque là unie, commence à se déchirer. Les crocs claquent, les griffes déchirent les peaux et le sang se répand sur la neige. Mon coeur s’accélère de plus en plus, et je vois une une silhouette encapuchonnée se tenir un peu plus loin derrière. Mon estomac se tord de peur et je lâche la pierre, le bout de mes doigts me brûlant atrocement. Je respire bruyamment, alors que la pierre cesse de briller. Tout à coup des hurlements de loups me parviennent au loin, et je comprends que je dois quitter cette forêt tout de suite. Je ne sais pour quelle raison, j'attrape la pierre de l'autel, et commence à courir. Je fuis, manquant de peu de tomber à cause des racines, mes pieds martelant le sol alors que je suis complétement perdue. Mes jambes me semblent en coton tandis que je fuis cette forêt maudite, les ténèbres qui m'entourent s'intensifiant de seconde en seconde. Le vent commence à siffler avec une force telle que les arbres vacillent et leur branches claquent comme des coups de fouet. Et alors que je fais un pas en avant, je sens quelque chose de dur et lourd percuter mon dos, me projetant avec force au sol. Mon souffle se coupe face à la brutalité du choc, je sens les cailloux et les racines écorcher mes genoux et mes bras. Je me retourne avec difficulté, retenant mes larmes, et je me fige alors. Un énorme loup blanc se tient au-dessus de moi, son grognement agressif résonnant jusqu'au plus profond de mon être alors que de la bave coule de ses babines retroussées laissant apercevoir des dents pointus. Et je croise alors son regard. Ses yeux bleus me fixent sans vaciller un seul instant. Les miens sont pris au piège de ce regard hypnotique, la terreur m'envahissant comme une marée glaciale. Le loup blanc semble se rapprocher encore, ses babines tremblant d'une fureur contenue. Son museau s'arrête à quelques millimètres de mon visage, je sens son souffle chaud sur ma peau. Il ouvre soudainement la gueule, je mets mes bras devant moi par instinct de protection. Mais il ne se passe absolument rien. Je baisse lentement mes mains et le temps semble soudainement s'arrêter. Le temps se fige et nous sommes deux statues qui s'observent sous la lumière de la lune, mon souffle bloqué, le sien haletant, son haleine chaude caressant ma peau. La tension est palpable, l'air vibre d'électricité. Je sens mon cœur battre à tout rompre tandis que le loup blanc me fixe intensément. Ses yeux semblent voir au-delà de ma peur, comme s'il cherchait à dévoiler un secret enfoui en moi. Je sens une connexion étrange, presque primitive, qui me lie à cet animal sauvage. Sa gueule est toujours grande ouverte, mais je ne ressens aucune menace, juste une curiosité, une quête de compréhension. Il se recule doucement, me permettant de me relever alors que je recule sur mes fesses rapidement. Mais je reste là assise en face de lui, mon coeur se calmant lentement dans ma poitrine. Il commence à me tourner autour, me surplombant de sa taille, son museau me reniflant partout. Je ne le quitte pas un instant du regard bien que la peur soit moins présente. Son regard se pose alors sur ma main et sur la pierre que je serre depuis le début.

"Je..." Je me stoppe dans ma phrase, me sentant un peu stupide d'avoir parlé à haute voix devant un loup.

Pourtant, il baisse la tête en m'entendant, ses oreilles pointant vers moi. Je cligne plusieurs fois des yeux. Mais le loup change soudainement d'attitude, il se met à grogner de nouveau et se retourne d'un geste vif derrière lui. Je me redresse légèrement, avant de voir 2 loups noirs avancer vers nous. Les grognements fusent des 2 côtés, les aboiements aussi, alors qu'ils se toisent du regard. J'ignore totalement ce qu'il se passe, mais je vois que le loup blanc ne bouge pas d'un pouce, son corps se trouvant entre les nouveaux arrivants et moi. C'est alors que...