Chapitre 12: la Gardienne

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Léonore

Je me relève d'un coup, me réveillant en sursaut. Dans la chambre, les rayons du soleil percent à travers les rideaux baignant la pièce d'une douce clarté. Je passe ma main sur mon visage en soupirant, les souvenirs de la veille me semblent si lointain et irréels comme si tout n'avait été qu'un simple cauchemar. Mais des images de Wolfgang s'imposent dans mon esprit... Mes joues s’empourprent alors que ses caressent refont surface: la chaleur de ses doigts sur ma peau, ses lèvres qui me frôlent, sa voix rauque et son regard semblable à un océan glacé qui me sonde. Un rappel que tout ce qui s'est déroulé hier était bien réel... Je tourne la tête et attrape la Pierre de Lune posée sur ma table de chevet. Je rabats mes genoux contre ma poitrine, mon regard perdu, mes doigts parcourant chaque surface polie. Pourquoi cette vision hier? Et pourquoi je me sens si bien en la touchant? J'ai l'impression d'être réconfortée en sa présence.

"C'est ridicule..." Je marmonne à voix haute.

Je me lève, balançant la couette au bout du lit, me sentant stupide. Comme si cela pouvait avoir un quelconque sens! Une Pierre qui semble réagir à ma présence, des Loups-Garous, une "destinée"... Je m'habille rapidement , enfilant une robe longue et noire semblable à ma chevelure, avant de sortir. Dehors, je croise très peu de passants dans les rues. En chemin, je remarque que les rues sont presque désertes, mais je sens que je suis observée. Je me retourne, mais je ne vois personne. J’accélère le pas, pour arriver rapidement à l'orée de la forêt de SilverCliff. Je reste quelques instants debout, sans bouger, le vent soufflant légèrement. Je vais reposer cette Pierre là où je l'ai trouvé, et en terminer avec tout cela. Je fais un pas, passant presque cette frontière invisible, quand quelqu'un me tire en arrière.

Je lève la tête, mes yeux rencontrant les siens si reconnaissables.

"C'est une très mauvaise idée" Sa voix sonne comme un reproche.

Je repousse sa main de mon épaule, me retournant vers lui d'un geste vif. Il porte une chemise blanche, mais pas n'importe quelle chemise : une chemise élégante, probablement faite pour un corps humain plus fin, qui lutte désespérément pour contenir sa musculature. Les boutons, tendus jusqu’à leur dernier souffle, semblent prêts à céder sous la pression. Les manches luttent pour masquer la puissance brute de ses biceps. On devine sous le tissu la forme imposante de ses pectoraux et de ses abdos, qui ont du mal à se dissimuler dans cet habit trop étriqué. Je me gifle intérieurement, me concentrant sur ce que je suis venue faire ici.

"Je suis venue rendre la Pierre, comme ça je..."

"Inutile" Il se contente de me dire sèchement, me coupant la parole.

"Si je leur explique que je suis désolée et que tout ceci n'est qu'un malentendu..."

"C'est inutile j'ai dit"

Je fronce les sourcils, essayant de contenir ma colère.

"Vous ne pouvez pas dire autre chose? Ou bien m'aider à comprendre tout bêtement? Depuis le début vous me cachez des choses!"

"Parce que je cherche à vous protéger"

"Je veux juste retrouver ma vie d'avant! Alors reprenez-la!" Je plaque la Pierre sur son torse.

Ses yeux suivent mon mouvement, ma main semble si petite sur lui. Il glisse les siennes dans ses poches avant de hausser les épaules.

"Je ne peux pas la reprendre, parce qu'elle est liée à vous Mademoiselle Evans"

"Pourquoi?"

Il pose ses doigts sur les miens, les recouvrant complétement avant de se pencher au-dessus de mon visage.

"Parce que vous êtes la Gardienne, Léonore"

La Pierre semble pulser contre mes doigts, suivant les battements de coeur de Wolfgang.

"Qu'est-ce que ça signifie?"

Les mèches de ses cheveux argentés viennent chatouiller mon front.

"Que vous êtes une Sorcière, Léonore. Votre rôle est bien plus qu'un simple devoir: c'est une mission sacrée mais aussi un fardeau. Vous êtes vouée à défendre l'équilibre du monde et à empêcher que des forces obscures n’exploitent la puissance de la Pierre de Lune. Quand vous avez l'avez activée hier soir, vous êtes devenue une barrière vivante, entre les forces du bien et du mal. Et vous êtes devenue la proie de tout le monde..."