Chapitres
Je m'assoie à côté de lui, les cotons en mains. Wolfgang se laisse aller contre le dossier du canapé et je commence à désinfecter son torse: les griffures sont profondes, et elles continuent de saigner. Pourtant il ne dit rien et ne bouge pas d'un pouce.
"Qu'est-ce que vous êtes exactement?" je demande à voix basse, mes mains s'attelant à leur tâche. Je sens son regard sur moi mais je n'y prête pas attention, du moins j'essaie.
"Et vous alors?"
"Moi?" Je répète intriguée.
"Qu'est-ce que vous faisiez dans la forêt?" Sa voix est grave, à peine audible.
Je relève la tête vers lui. Je suis surprise par sa question.
"Je..." Je me tais, réfléchissant à ce que je pourrai lui dire.
Je détourne les yeux, essayant de me concentrer sur ma tâche. Mais Wolfgang ne me laisse pas en paix. Il tend la main et me prend délicatement le menton, me forçant à lever la tête. Je comprends qu'il attend une réponse, et je me sens obligée de lui répondre.
"Je ne sais pas trop... J'ai vu... J'ai vu une lumière. Et je l'ai suivi" Ses yeux s'étrécissent légèrement, comme s'il cherchait à comprendre mes paroles.
Il maintient son étreinte sur mon menton, son toucher déclenchant une sensation de chaleur dans mon cou. Je sens mes joues s'empourprer, mais je refuse de détourner le regard. Il y a quelque chose dans son attitude qui me pousse à lui faire confiance, malgré l'inquiétude qui grandit en moi.
"De quelle lumière parlez-vous?"
J'avale difficilement ma salive.
"Il y avait une lumière bleue. Je l'ai suivi jusque dans la clairière. Et j'ai vu cet autel avec...
"Avec quoi?"
Je me mords la lèvre, mon esprit me disant de me taire. Mais je sens alors son autre main glisser dans mon dos, me faisant sursauter. J'essaye de reculer mais il me tient fermement, son visage fermé et impassible tourné vers moi. Je sens alors ses doigts dans le creux de mes reins et je ferme instinctivement les yeux, mon coeur battant rapidement dans ma poitrine.
"Avec ça pas vrai?" Il me montre la pierre, qu'il a retiré de ma poche arrière. Je cherche à la récupérer mais il la retirer d'un geste vif et rapide.
"Rendez-la moi..." La pierre bleue scintille dans la lumière, captant mon regard. Mon cœur bat encore plus vite, car je sens que Wolfgang comprend plus que ce qu'il laisse paraître. "Rendez-la moi...", répété-je, ma voix plus ferme cette fois, mais il ne semble pas décidé à me satisfaire.
"Vous ne devriez pas avoir ça" Dit-il d'un ton ferme
"Qu'est-ce que c'est exactement? Et pourquoi brillait-elle comme ça?" Mes yeux sont rivés sur la pierre, tandis que Wolfgang la tient délibérément hors de ma portée.
Je sens une bouffée de frustration et de colère, mon corps tendu. Il semble...intrigué, presque amusé par ma réaction. Wolfgang soutient mon regard, son expression indéchiffrable, tandis qu'il tourne lentement la pierre entre ses doigts. La lumière qui l'entoure danse et vacille, comme si elle était vivante.
"Elle ne devrait pas briller..." Il murmure. Mais je comprends qu'il parle plus à lui même qu'à moi.
"Pourquoi?" Je demande fermement pour qu'il reporte son attention.
"Parce que c'est une pierre de lune", dit-il enfin, sa voix à peine audible. "Elle est censée rester inerte, sauf entre les mains d'une..."
"D'une...?"
Mais il ne me répond pas. Il se penche au-dessus de moi.
"Vous n'auriez jamais dû prendre cette pierre" Contrairement à avant, sa voix est devenue aussi glaciale que ses yeux.
"Mais..."
"Vous n'avez aucune idée de ce que vous venez de déclencher..."