Chapitres
La maison est calme en ce début de soirée. Dans la cuisine, sa mère prépare le dîner, le bruit rythmique du couteau résonnant faiblement. Son père est absent, encore en voyage d’affaires. Cette solitude, qui aurait dû être apaisante, semble étrangement lourde ce soir.
Dans la salle de bain, Iris laisse la vapeur envahir l’espace, formant un voile flou sur le miroir. Elle défait ses cheveux, son reflet troublé disparaissant sous la buée. Elle entre dans la douche, espérant chasser cette tension qui l’habite depuis des jours. Sous le jet brûlant, elle laisse l’eau ruisseler sur sa peau, enveloppant son corps d’une chaleur presque réconfortante. Mais une sensation étrange persiste. Une ombre invisible semble s’être glissée dans la pièce avec elle. Malgré ses efforts, son esprit revient sans cesse à une seule image, un seul nom : Mikhaïl. Elle ferme les yeux, mais son visage s’impose, envahissant l’obscurité de ses pensées. Ses yeux dorés, si intenses, semblent la consumer de l’intérieur. Ce souvenir éveille en elle un frisson qu’elle ne comprend pas. Sous le jet brûlant, elle passe une main sur sa nuque, cherchant à se libérer de cette emprise oppressante, mais la chaleur s’intensifie à mesure qu’il occupe son esprit. Puis, elle entend une voix, grave et familière, qui résonne dans les profondeurs de son esprit, à la fois douce et menaçante.
"Iris."
Ses paupières s’ouvrent brutalement. Le cœur battant, elle jette un regard autour d’elle, mais il n’y a rien d’autre que le martèlement de l’eau sur le carrelage. Des images viennent à elle : leur première rencontre, leurs regards et les tensions. Son souffle devient plus profond, et elle ressent une chaleur profonde. Mais la voix persiste.
"Tu m’appartiens, Iris. Peu importe où tu es, je serai là."
Les mots glissent sur elle comme une caresse invisible. Un frisson la parcourt, troublant et dérangeant à la fois. Elle s’appuie contre le mur carrelé, ses doigts tremblants cherchant un appui. Son souffle devient plus rapide, et une chaleur étrange s’éveille en elle, venant de quelque part au-delà du rationnel. Ce n’est pas normal, pense-t-elle. Mais une part d’elle, bien enfouie, ne veut pas fuir cette sensation.
"Laisse-toi aller, Iris. Cesse de lutter."
Sa respiration devient erratique, son cœur tambourinant contre sa poitrine.
"Mikhaïl, non..." murmure-t-elle, sa voix étouffée par le bruit de l’eau.
Il est là, partout. Sa présence est écrasante, intime. Elle sent presque une main imaginaire frôler son épaule, une sensation qui la fait frissonner. Ses pensées se brouillent, une partie d’elle-même se surprenant à céder à cette force magnétique, à ce désir insatiable qu’elle ne comprend pas totalement.
Un coup frappé doucement à la porte l’arrache soudainement à cet état. La voix de sa mère, douce mais préoccupée, résonne à travers la cloison :
"Iris, tout va bien ?"
Elle reste figée un instant, son souffle court, avant de puiser en elle la force de répondre.
"Oui, maman, j’arrive dans un instant."
Elle ferme l’eau, le silence retombant brusquement, et le froid du carrelage contre sa peau mouillée la ramène à elle. Alors qu’elle enfile rapidement des vêtements, une dernière phrase résonne doucement dans son esprit, comme une promesse troublante et d'une sensualité presque cruelle :
"Je ne suis jamais loin."
Elle finit par sortir de la salle de bain, troublée, et descend les escaliers pour se diriger vers la cuisine, où la lumière chaleureuse l’accueille. Sa mère lui sourit, et Iris s’assoit, espérant trouver du réconfort dans cette routine apaisante. Mais son esprit reste ailleurs, hanté par cette étrange chaleur qui s’attarde sous sa peau, une sensation troublante et intime. Un frisson imperceptible la traverse, et elle détourne les yeux, incapable de se débarrasser de ce souvenir qui brûle doucement en elle.